
A Calais, on se préoccupe peu des conditions d’accès des usagers aux cars « longue distance ». Prendre le car relève en effet du parcours du combattant. J’ai pu l’expérimenter moi-même. Une situation inadmissible.
Trois compagnies européennes partent ou passent à Calais :
Flixbus : 1 départ/ jour à 8h55.
Durée 4h00 vers Paris : 13,90 € à…32,90 € ! ne dessert pas Lille ;
Isilines : 1 départ/ jour à 14h45 vers Lille (6€, 2h05) et Paris (12 à 16€, 5h20)
Ouibus : 2 départs/ jour à 2h05 et 18h05.
Durée du voyage : 4h40 vers paris : 15-19 € ne dessert pas Lille non plus;
L’arrêt Ouibus, se situe au Terminal Car-Ferry. Difficile d’accès pour un piéton.
Pour les deux autres compagnies, il se trouve au centre-ville, quai du Rhin, on ne sait où sur le parking immense. Seul le billet pris sur internet mentionne le lieu sans autre précision, et il n’y a sur place aucune information pour les usagers : pas d’abribus, pas d’horaires affichés, rien, même pas pas de panneau ou de totem avec le nom des compagnies. Il faut donc attendre au milieu de nulle part, sans savoir si c’est le bon endroit. Quand il pleut, on s’abrite à la porte des maisons, car il faut être présent 30 mn avant le départ et le car n’arrive pas tout de suite!

Chaque fois, les nouveaux usagers, interpellés par ce vide, doivent questionner pour s’assurer que c’est bien là qu’il faut attendre! L’existence de bus à cet endroit est totalement ignorée par les autorités. Même les chauffeurs sont obligés de vider les détritus de voyage dans les poubelles des habitants tout proches!
Un abribus supprimé pour cause de… migrants !
Quel n’a pas été mon étonnement de constater que le double abribus qui était là de très longue date avait disparu ! Je ne comprenais pas pourquoi.

C’est en discutant fortuitement avec différents chauffeurs de car que j’ai appris le motif invoqué par les autorités locales : c’était soi-disant un « point de fixation » pour les migrants !
Une décision injustifiée selon eux, car en tant qu’usagers quasi quotidien de cet endroit, ils savaient très bien ce qui s’y passait :
« Quelques migrants venaient ici effectivement régulièrement, soit pour y trouver abri, soit parce qu’ils voulaient prendre le bus en payant normalement leur place, ce que l’on accepte, évidemment. Mais à aucun moment ils n’ont été à l’origine de quelque trouble que ce soit, ni quai du Rhin ni ailleurs, au point d’entraver notre activité. Ils ont toujours été discrets et tranquilles.
Ce témoignage spontané est de la même tonalité que ceux que l’on entend souvent, sans les solliciter, de gens d’horizon et d’activité divers. Des témoignages qui ne cadrent pas avec le climat d’insécurité sciemment entretenu. On voulait rendre les migrants responsables de tous les maux.
J’ai questionné l’opérateur local des Transports Urbains, Calais Opale Bus, pour tenter de savoir ce qu’il en était de cette suppression d’abribus. Réponse évasive, tant pour la responsabilité de la décision que pour la raison.
Peu avouable en effet, car c’est bien l’agglomération (le Sitac?) qui a fait démonter cet abribus, et « pour cause de migrants ». Ça m’a été confirmé par le Service des Lignes Interurbaines et Scolaires de la Région Hauts-de-Ffrance, que j’ai aussi contacté.
L’agglomération a donc démonté un abribus très utile, pour des raisons d’autant moins avouables qu’elles s’appuient sur un risque imaginaire. Ce faisant, elle a dégradé sans s’en soucier les conditions de voyage de tous les usagers des bus longue distance qui n’ont pas le moyen de voyager autrement.
A Dunkerque, une prise en compte très différente
Ici, depuis les travaux à la gare, l’arrêt des cars longue distance a été déplacé au port. Mais avec un abribus. Mieux: la navette de centre-ville l’a intégré à son parcours…
Calais, décembre 2018: un poteau « info-bus Oscar » apparaît enfin quai du Rhin à Calais!
Cet article aura donc peut-être été utile, qui sait pour faire lever les entraves d’atmosphère inexplicables qui semblaient régner ici depuis longtemps, empêchant les lignes interurbaines Oscar d’être visibles sur Calais, puisque huit mois après, un panneau d’information sur les lignes interurbaines a pu être installé. Mais rassurez-vous! Pas question d’abri! Il faut toujours attendre le bus sur le seuil des maisons quand il pleut…
Les actions honteuses contre les migrants n’ont pas de limites quant à leurs inventions. A quand la réactions des usagers pris aussi en otage ? Bon courage à ceux qui luttent encore afin que notre République ne perde pas complètement son âme ! B;Thiébaud .
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Édifiant… et grave.
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