Les nombreuses petites routes du Vimeu permettent de parcourir le territoire à vélo dans une relative sérénité, une voie verte a même été aménagée sur une ancienne voie sncf entre Longpré et Oisemont (ici). Mais le vélo du quotidien ne fait pas encore ici l’objet d’une attention particulière (pas de jalonnement, pas d’itinéraires ni points de stationnement, hormis sur la véloroute qui suit la Somme canalisée. Si politique cyclable il y a, elle est peu visible.
C’est vrai, en zone rurale, les buts de déplacement sont souvent éloignés, le vélo n’est pas forcément pertinent et la prégnance de la voiture individuelle reste forte, d’autant que le train disparaît. Seul le bus est une alternative à l’autosolisme, avec le covoiturage, que la Communauté de communes du Vimeu semble vouloir soutenir (ici). Mais le vélo peut aussi prendre sa part. Or, ni pour les déplacements (livret de mobilité) ni pour le tourisme, le vélo n’est examiné par la CCVI, hormis quelques mots de vague intention.

Alors, quels choix pour les élus?
La promotion du vélo ne va pas encore partout de soi. On peut comprendre que des élus voient cette question de très loin, ou ne la voient pas du tout, d’autant plus si la pratique du vélo ne les concerne pas personnellement. Mais venant des habitants, zéro revendication ne signifie pas zéro besoin. Les élus se doivent de penser à tous les types d’usagers de l’espace public, un peu d’empathie envers les cyclistes suffirait à améliorer leur pratique quotidienne. Et donc en augmenterait le nombre.
Evidemment liée à la place de la voiture, la question de celle du vélo devient cependant de moins en moins anodine, compte-tenu des enjeux, avec les Plans Climat (le Vimeu en a un!), ou les Plans de Déplacements Urbains (certes non exigibles dans les petites collectivités).
Le vélo, c’est aussi une clientèle touristique en augmentation, une clientèle qui dépense et reste plus longtemps que la clientèle automobiliste de passage. Ici en particulier. De nombreuses études le prouvent.
Comment inciter à faire plus de vélo? Ou rendre le territoire « vélo-attractif » pour les touristes?
En déléguant cette mission à des bureaux d’études qui, faute d’être vraiment spécialisés, vous mettront une belle « cerise-vélo » coûteuse et inutile parce que mal pensée, mal intégrée ? On a des exemples ici même…Ou en voulant faire des choses « à tout prix », alors qu’ils-elles n’y connaissent rien ? Coûteux et contre-productif.
S’appuyer sur les usagers
La meilleure façon d’avancer, c’est plutôt d’abord d’avoir l’humilité de reconnaître quand on ne sait pas faire.
C’est ensuite de consulter les usagers, les cyclistes, tout au long de la politique cyclable. Des cyclistes, il y en a partout. Ils.elles savent dire précisément ce qui va ou ne va pas, ce qui manque, pour améliorer les choses. Avec des budgets raisonnables.
Cela peut prendre plusieurs formes :
- une commission extra-municipale sur la mobilité douce (à pied, à vélo, trottinette, etc.) à laquelle on associe les commerçants de proximité (détaillant vélo par exemple) ;
- un rapprochement avec une association de promotion du vélo (plutôt situées dans les villes en général, Veloxygene à Amiens par exemple, ou sur la Côte d’Opale, Partageons la rue – Calais (PLRC), dont je suis membre, qui n’hésiteront pas à venir en zone rurale pour aider;
- questionner un club cycliste;
- suivre les infos et colloques du CEREMA;
- etc…
Agir sur l’aspect touristique et sur les déplacements:
Le vélo peut concerner tout le territoire, pas uniquement le tour de la Baie de Somme. D’autres zones rurales se mettent au vélo! Des initiatives commencent à poindre ici ou là, notamment autour du vélo électrique, mis à disposition pour les touristes (Site des Deux-Caps, ou Guînes) ou pour le déplacement, Le Pays de Lumbres (62), qui propose un challenge mobilité fin août 2020, avec coaching et suivi, pouvant aboutir à conserver définitivement le VAE prêté…

Pour les longs trajets, on peut aussi développer l’intermodalité BUS + VELO (pliant par exemple)…+ TRAIN? (article ici)
Vélo: le Vimeu a tout à y gagner…
Terrain quasi plat et circulation motorisée plutôt calme, des améliorations encourageant l’utilisation du vélo pourraient être apportées:
- l’installation de zones 30 et 20 ;
- l’autorisation des vélos à contre-sens ;
- l’installation de vrais arceaux de stationnement (et non pas les « pince-roues » dissuasifs que l’on voit…) ;
- l’affectation au vélo (+ engins agricoles) de certains chemins entre les quartiers ou entre les villages ;
- l’organisation de vélo-bus et pédibus autour des écoles;
- l’organisation de balades ou d’événements (fête du vélo);
- jalonner des itinéraires;
- l’adhésion au Club des Villes et Territoires Cyclables..
Le vélo dans quelques bourgs du Vimeu en 2020
Feuquières-en-Vimeu
2600 habitants. Plusieurs entreprises importantes. Univers pavillonnaire. Une place centrale arborée. Quelques commerces et services, qui continuent de disparaître.

Un centre-ville linéaire, refait, assez agréable avec quelques ébauches de zones 30. Mais l’ensemble n’est pas à 30 kmh. A noter des bornes de charge pour les voitures électriques (?) Feuquières-en-V. A été desservie par la ligne SNCF, mais la gare est désaffectée.
Le manque d’intérêt pour le vélo aboutit à laisser un pince-roues défoncé, inutilisable. Heureusement, l’école en a installé un en bon état, preuve que le besoin existe.
La supérette est la seule à offrir un stationnement efficace…
Les rues calmes ne sont pas autorisées aux vélos à contre-sens
Le chemin de ville est un plus pour les piétons. Il n’est pas interdit aux cyclistes, obligés néanmoins de mettre pied à terre à cause des obstacles d’entrée…Dissuasif, donc.
La vue du collège montre que le vélo est bien utilisé.
Parce qu’on y a pensé, et que le stationnement est sécurisé. Pourquoi ne pas penser aux jeunes cyclistes dans le reste de la ville?
Fressenneville
2200 habitants. En continuité de Feuquières en V. La traversée se fait par une large avenue intégralement dédiée à la circulation motorisée, sans couloirs de circulation. Des bandes cyclables y auraient toute leur place. Pas de stationnement vélo.
Friville-Escarbotin
4600 h. Cité de la petite métallurgie locale avec quelques grandes entreprises du secteur (Boutté, décolletage ; Delabie, robinetterie…). On comprend que c’est l’histoire

industrielle qui a fait cette ville en réunissant plusieurs villages. Centre-ville linéaire, les rues ont été refaites. Sentiment d’inconfort à vélo, les voitures vous pressent quand
vous êtes devant. La longue rue Barbusse est en sens unique avec des aménagements de type zone 30, mais n’est pas à 30 kmh et n’est pas autorisée aux cyclistes à contre-sens. D’autres rues en sens unique à 30 kmh qui devraient être équipées de Doubles-Sens-Cyclables (c’est la loi) ne le sont pas non plus. Dommage…
Car la conséquence logique, c’est que des cyclistes, se sentant pénalisés par les détours qu’on leur impose, circulent malgré tout à contre sens, ou même sur les trottoirs, puisqu’ils.elles ne sont pas admis.e.s sur la chaussée !
Pour qu’une politique cyclable soit efficace, sécurisante, elle doit s’inspirer le plus possible des usages.
Les cyclistes, car il y en a, stationnent où ils peuvent. Pas de stationnement vélo le long des rues ou près des commerces. Pas davantage près des bâtiments publics. Quelques arceaux sont implantés de manière fantaisiste, parallèles au mur de la mairie ou en haut d’un escalier…les services techniques n’ont pas dû lire le mode d’emploi…ou ne font pas de vélo !
Une piste cyclable, ancienne mais correcte, entoure le secteur scolaire. Elle va malheureusement de nulle part à nulle part et a dû faire partie du « package lors de la construction du collège ou du lycée. La cerise sur le gâteau. Mais où est le gâteau? Elle pourrait pourtant constituer un noyau de base pour créer un vrai réseau dans la ville.
Cayeux-sur-Mer
L’atmosphère de cette petite station picarde de 2500 habitant.e.s, typique avec ses cabines de plage, rappelle un peu celle des « Vacances de Mr Hulot ». Son centre-ville a été revu, mais le vélo a été oublié. Un comble sur un lieu de vacances !
On est ici en zone 30, mais aucune rue à sens unique n’est autorisée aux cyclistes à contre-sens, comme l’exige pourtant la loi.

Les possibilités de stationnement pour les vélos sont quasi inexistantes. Un pince-roues à la mairie, un à l’office de tourisme. Rien sur la digue, alors de ne nombreux vacanciers sont à vélo.
l’Eurovéloroute N°4, dite du Littoral, passe inaperçue. Sans voie réservée (alors que la largeur de chaussée le permettrait largement) ni panneau. Un simple totem…Absence de communication vers la catégorie des vacanciers à vélo, dont on ignore totalement le potentiel…