Mon coronavélo sur un kilomètre

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Calais: les bords du canal de St-Omer, proche de mon coronaparcours – photo VBCO

Interdire pour être utile ? Ou interdire pour interdire ?

Malgré des tentatives de mise au point depuis plus d’un mois, l’apparente interdiction du vélo « pour l’activité physique » fait toujours débat. On se demande d’où est venue cette séparation formelle du « vélo déplacement » du vélo dit « sportif ». Le vélo semble avoir été victime des clichés habituels, comme si les différentes façons d’en faire ne procuraient pas les mêmes bienfaits, le vélo dit « sportif » étant sans doute associé aux notions de performance, de longue distance, de groupe, de vitesse voire de tenue spécifique et de dimanche matin…Pourtant, sur un vélo, on fait tous-toutes du sport, quelle que soit la tenue!

La loi est l’expression de la volonté générale, dit-on. Justement, est-ce la volonté générale que d’interdire de fait leur exercice quotidien ou hebdomadaire à des personnes habituées à la pratique du vélo dit « sportif », quand on sait les conséquences négatives sur le bien-être physique et mental de l’arrêt brutal d’une activité qui occupait des heures entières: manque d’exercice, prise de poids, sensation de vide et d’ennui, difficultés d’ordre psychologique… Une telle mesure pénalise un public qui a besoin de se maintenir en forme. Et qui ne goûte pas nécessairement la course à pied ! Seule l’interdiction des sorties en groupe aurait pu avoir un sens. Et encore…à vélo, on n’est jamais à moins de 2 m d’un autre cycliste. Question d’élémentaire sécurité !

La pratique du vélo pénalisée

Alors que l’Etat aurait dû dès le début, comme l’ont fait d’autres pays, diffuser un message clair valorisant la pratique du vélo comme étant saine et alternative dans le cadre de cette crise, le vélo « délictuel », suggéré par une différenciation opaque entre « sport » et « déplacement » a freiné la pratique à cause d’une grande variabilité d’interprétation chez les forces de l’ordre, allant de la souplesse à la rigidité jugulaire pour analyser une situation. Résultat : selon l’endroit et la personne, on va du contrôle qui valide votre promenade de santé à la contravention pure et dure. Une situation qui coûte cher à certains cyclistes alors qu’ils sont dans leur bon droit et ne comprennent pas.

Des mises au point arrivent

Devant cette cacophonie, les instances du vélo se battent et obtiennent des clarifications ou les provoquent:

Communiqué du Club des Villes et Territoires Cyclables (CVTC)

Association qui regroupe plus de 1 500 collectivités territoriales:

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Référé-liberté de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB, 361 associations)

Estimant que la liberté d’aller et venir, ainsi que le principe de légalité des délits et des peines sont atteints, la FUB a déposé ce 20 avril un référé-liberté devant le Conseil d’État pour :

  • faire annuler les multiples contraventions indûment infligées (800 remontées à la FUB) ;
  • faire cesser le message négatif véhiculé sur le vélo par des communiqués et tweets du ministère de l’Intérieur, des Sports, ainsi que de certains préfets qui vont plus loin que les mesures fixées par décret, mesures qui n’interdisent pourtant pas l’usage du vélo;
  • faire rouvrir des pistes cyclables abusivement interdites.

On n’a pas encore les conclusions.

En attendant, faites vos kilomètres de « coronavélo » !

Les possibilités offertes par la loi étant celles qu’elle n’interdit pas expressément, je fais donc mon exercice physique à vélo dans mon quartier, comme bien d’autres sans doute. Dans le cadre de l’attestation de déplacement, seul document législatif en vigueur.

L’alinéa 5 de l’attestation me semble assez clair :

Déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal
d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des
personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie.

J’ai donc prévu un itinéraire de 3 km environ, circonscrit dans un rayon d’1 km maxi (= à vol d’oiseau, sans tenir compte des voiries) de mon domicile, que je répète plusieurs fois de suite, en variant parfois les rues. 40 minutes environ, ce qui me permet de faire tranquillement une douzaine de kilomètres. Je constate souvent que je ne suis pas seul à procéder ainsi.

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Mon  « coronatour », entre rues étroites et avenues larges (zone commerciale) du sud de Calais

J’utilise mon vélo de ville pour cela (je n’en ai pas d’autre) avec les sacoches, à la fois pour donner le change mais aussi car j’inclus quelques courses dans cette sortie d’une heure, puisqu’il est recommandé de cocher plusieurs cases de l’attestation afin de grouper ce que l’on a à faire et ainsi ne pas multiplier les sorties…

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Rue sous confinement – photo VBCO

Je ne me suis pas encore fait contrôler. J’ai pourtant eu l’occasion un jour de passer plusieurs fois devant une brigade motorisée occupée à contrôler des véhicules.

J’espère que les clarifications vont finir par rendre la situation limpide. Mais je n’en suis pas si sûr.

En cas de verbalisation

Si la FUB n’obtient pas la remise à zéro des compteurs pour les amendes imputées abusivement, ça signifie que l’arbitraire pourrait continuer et que vous risquez tout de même l’amende, malgré votre respect de la loi.  Dans ce cas, procédez comme le conseille le site Weelz dans sa recherche juridique parue le 7 avril dernier (article ici):

1⃣ Accepter le procès-verbal
2⃣ Ne pas payer l’amende forfaitaire (ce serait reconnaître l’infraction)
3⃣ Remplir une requête en exonération

Et les automobilistes dans tout ça ?

Le matin du 1er avril dernier (jour des photos et video) j’ai compté tout ce que j’ai vu circuler lors de ces 40 minutes de vélo. Au vu des chiffres, je me suis posé cette question:

Sur qui faudrait-il vraiment focaliser les contrôles ?

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