Depuis 5 ans au moins, Calais ignore l’adaptation au changement climatique

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Un plan Climat au fond d’un tiroir…

Créé fin 2014, le Plan Climat Air Energie Territorial du Calaisis (PCAET) avait en principe deux objectifs:

  1. Limiter l’impact du territoire sur le climat (efficacité énergétique, réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES)
  2. Adapter le territoire pour réduire sa vulnérabilité face aux conséquences attendues du changement climatique.

Cinq années pourtant précieuses. Un constat préoccupant : non seulement rien n’a été fait ou presque, mais pire, la plupart des politiques d’aménagement mises en place localement vont à l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire (voir tableau).

Car pour qu’un territoire devienne « économe en CO2 », il n’y a pas 50 solutions : il faut en produire moins et créer les conditions pour capter celui qu’on produit: c’est-à-dire rendre le plus possible les sols vivants, perméables, végétalisés, arborés.

Depuis 5 ans et plus, dans cette agglomération, on aurait donc dû:

  • re-densifier la ville au lieu de continuer à l’étaler, à bétonner ;
  • protéger les arbres et non les abattre; créer de nouveaux espaces
  • installer des espaces agricoles, partagés ou non, dans la ville ;
  • changer de fournisseur d’énergie, et mieux, devenir productrice d’énergie renouvelable ;
  • entamer un véritable programme d’actions pédagogiques (échange, participation, formation) pour entraîner les citoyen.ne.s vers l’adaptation au changement climatique.

Rien de tout cela n’a été entrepris. Pire. A moins d’un changement politique, l’étalement urbain ne s’arrêtera pas!

Ses conséquences délétères sont pourtant connues depuis longtemps. Mais à Calais, au lieu de reconstruire la ville sur elle-même, on persiste à l’étaler, en ne se souciant que des habitants motorisés.

Cette politique augmente tous les coûts, individuels comme publics : nouvelles rues, nouveaux lotissements, maisons individuelles en centre-ville, transports en commun toujours plus coûteux parce que desservant plus loin moins de population etc… Même chose pour l’eau et les autres réseaux.

En soixante ans, la surface aménagée de Calais a été doublée, pour une population restée au même nombre (75 000 environ). Le territoire n’émet donc pas encore assez de CO2 ?  

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Les objectifs du plan, repris des objectifs nationaux à l’horizon 2020 (6 ans!)…

  • moins 20 % de GES !

  • Plus 20 % d’économies d’énergies !

  • 23 % d’énergies renouvelables !

… à l’épreuve de la réalité calaisienne!

70 fiches actions étaient prévues en 2014. Très peu ont à l’évidence été engagées et suivies d’effet. L’expression « développement durable » revient souvent dans la rédaction. Mais en vrai? Voici ce qui apparaît globalement à un citoyen qui ne dispose pas des éléments techniques des autorités concernées. Une marge d’erreur est possible.

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Cinquante arbres cinquantenaires ont été abattus il y a peu, quartier Ovide
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Déménagements d’activités vers l’extérieur, non réutilisation, destruction: certainement la politique la plus coûteuse sur tous les plans: économique, social, environnemental, et donc climatique…ici l’ancien hôpital détruit après…38 ans de bons et loyaux services (et deux extensions)!
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Beaucoup de voitures stationnées dans cet écoquartier où, réglementairement,  la diminution de l’offre de stationnement devrait être compensée par une offre alternative (vélos, bus). Où est-elle?

De belles lignes pour sourire…

Devant le peu d’intérêt pour ce plan climat pendant toutes ces années, mais qu’il fallait bien produire, on n’avait pas hésité à remplir les cases avec des propositions « dans l’air du temps ».

L’une des plus fantaisistes reste l’annonce de l’aménagement de parkings relais par le SITAC (doc 1, page 8), afin, soi-disant, de faciliter l’usage du transport en commun. Une proposition qu’on applaudirait des deux mains si elle était en phase avec une quelconque volonté de faire. Un « monstre du Loch Ness » resservi régulièrement depuis 25 ans. Surtout quand on sait que les dirigeants de Calais Opale Bus comme les élus qui se sont succédé n’en ont jamais eu la moindre intention, car il n’a jamais été question de réguler de près ou de loin la place de la voiture dans cette ville !!!

Les citoyen.ne.s en ont assez !

Devant une absence aussi manifeste de volonté face à la problématique climatique à Calais, à défaut des élus, ce sont les habitant.e.s qui se bougent, simples citoyen.ne.s, privés et associatifs. A Calais comme ailleurs, les actions pour le Climat le prouvent (marches) et ne font que commencer.

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Réunion de « réactivation » du PCAET en décembre 2018

Devant une telle vacuité, il faut vite répertorier les actions entreprises, publiques ou privées, si petites soient-elles, pourvu qu’elles remplissent les cases du PCAET . On a donc fait les fonds de tiroirs, en faisant appel aux bonnes volontés présentes :

Là aussi, le constat est sans appel : faites-vous votre idée !

Le compte-rendu décrit 69 actions, dont 3 en doublons !

Sur les 66 actions, dont on se demande pour certaines si elles ont une existence réelle, ou ce qu’elles font là, ou pourquoi on les démultiplie…

  • 17 émanent de collectivités publiques (dont 7 ? pour le Sevadec), 0 des villes de l’agglo ;
  • 32 émanent du privé (dont 27 pour Auchan !)
  • 13 des associations, dont 10 pour Opale Vélo Services

4 actions (?), sans organisateur identifié, développent des poncifs et paraissent sans contenu ni suivi. Au total, faible diversité.

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L’une des actions d’Opale Vélo Services: le vélo-blender

Toutes ces actions méritoires sont tout à l’honneur de celles et ceux qui les portent. Mais vouées à l’épuisement, et à l’inefficacité, car sans soutien de la collectivité, qui ne montre pas la moindre volonté politique de faire de l’enjeu climatique l’objectif majeur du territoire, auquel devraient se rattacher en cohérence toutes ses politiques publiques.

Les citoyens réclament des actions de fond, pas quelques mots dans des rapports que personne ne lit.

Ils veulent que cessent les politiques qui accélèrent le changement climatique.

3 réflexions sur “Depuis 5 ans au moins, Calais ignore l’adaptation au changement climatique

    1. Oui, c’est bien dommage que les citoyens ne se saisissent pas davantage de ces outils qu’ils ont pourtant sous la main, ces documents étant publics. Le/la citoyen.ne devraitt être le grain de sable dans une machine qui sans cela est trop bien huilée: on fait des rapports d’orientation (Plan climat, PDU, SCot etc…) rendus obligatoires par la loi, que personne ne lit, dans lesquels cependant tout est dit, toutes les solutions sont là. Entre gens de bonne compagnie (bureau d’étude, services techniques, élus)? Ces rapports ont évidemment un coût en argent public. Puis ils vont au tiroir. Car les politiques menées localement, à Orléans aussi sans doute, vont à l’opposé! Et tout le monde est content: les BE ont fait leur travail, bien payé, les élus ont respecté la loi, ils ont fait faire cette étude. Et pire, les différents organismes d’Etat ont ensuite donné leur aval. Après, les associations peuvent bien se battre contre les moulins, pour que 10% de ce qui figure dans ces rapports soient appliqués, surtout quand cela concerne le vélo, ou la place du piéton dans la ville.

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